BON CHIC MAUVAIS GENRE #128 : spécial "Reality = Fiction
Le vendredi 29 novembre au cinéma Majestic de Lille
BON CHIC MAUVAIS GENRE, votre soirée mensuelle double-programme consacré au cinéma transgressif, rare, délirant et précieux –programmée amoureusement par les projectionnistes du cinéma Majestic de Lille- revient ce vendredi 29 novembre.
Pour entamer cette 17éme saison, nous vous proposons d’aller explorer ce territoire étrange où la réalité et le rêve (ou plutôt le cauchemar !) se mêlent de manière inextricable. Au programme, deux films, comme d’habitude : un classique du cinéma de genre moderne (que, pour une raison obscure, nous n’avions jamais passé) et la redécouverte d’une pépite perdue du cinéma anglais des années 80.
A 18h20, vous pourrez découvrir THE APPOINTMENT de Lindsey C. Vickers où, dans l'Angleterre des années 80, un homme qui doit se rendre à un rendez-vous professionnel, se retrouve bloqué dans un boucle de cauchemars fantasmagoriques qui se superposent sans fin. Un film très étonnant d’une grande audace visuelle et narrative qui, avec cette réédition, devrait devenir a posteriori un film totalement culte !
A 20h15, nous enchaînerons avec DONNIE DARKO, premier film sublime de Richard Kelly où l’on suit les pas de Donnie, jeune lycéen américain à la psychologie troublée qui fait connaissance avec un lapin anthropomorphe qui lui communique ses visions apocalyptiques. Avouez, ça fait envie.
Si vous n’avez jamais entendu parler de ces films, suivez le guide : nous allons vous expliquer tout ça ci-après et dans le détail…
18H20 : THE APPOINTMENT de Lindsey C. Vickers – UK– 1982 – 90 min – VOSTF – copie numérique (dcp)
Avec : Edward Woodward, Jane Merrow, Samantha Weysom, John Judd, Alan Stuart, Auriol Goldingham…
Angleterre, années 80. Ian, marié et père d’une adolescente de 16 ans est bien embêté. Il doit se rendre le lendemain à un rendez-vous professionnel à Londres. Premier soucis : sa voiture est en panne et il devra utiliser une voiture de courtoisie prêtée par son garage. De plus, il redoute d’annoncer la mauvaise nouvelle à sa fille : il ne sera pas rentré à temps pour assister à l’audition de violon qu’elle doit donner le lendemain soir.
Inquiet par tous ces faits, Ian va se coucher mais son sommeil est troublé par d’étranges rêves tragiques. Il finit par se réveiller en pleine nuit, mais le temps semble se dilater et les cauchemars commencent à contaminer la réalité. A moins que ça ne soit le contraire. A moins qu’une autre force soit à l’œuvre …
Lindsey C. Vickers n’a pas eu le destin qu’il méritait, et même plus que ça : sa courte carrière aura été marqué par la malchance. Après un premier court-métrage à l’ambiance déjà fantastique et après avoir été longtemps assistant sur certains films de la Hammer, Vickers se voit confier un projet important pour la télévision. Il s’agit d’une série de 13 téléfilms. Lindsay écrira les scénarios de 5 d’entre eux et devra en réaliser 3.
THE APPOINTMENT est le premier de ces films. Mais une fois terminé, la chaîne de télé refuse catégoriquement de diffuser ce film bien trop atypique et étrange. Tout le projet est annulé. Ca sera la fin de la carrière de Vickers. Le master et les négatifs seront perdus et ce n’est que 40 plus tard qu’une bande de cinéphiles têtus remettront la main sur une copie, ce qui permettra enfin au film d’entamer une carrière posthume, pour ainsi dire !
La première chose à dire à propos de THE APPOINTMENT, c’est qu’il ne faut pas s’arrêter au fait que ce soit un téléfilm. Outre de nombreuses qualités, le film est tout d’abord absolument sublime et propose, parfois mine de rien, une esthétique très audacieuse et totalement soignée. Tout est extrêmement réfléchi et le travail est immense. Que ce soit le son, le cadrage, les jeux sur la photographie et l’incroyable montage, tout est beau, maîtrisé et le film est balisé de superbes fulgurances.
Après un stupéfiante introduction, le récit se distend, se dérègle, comme une version cauchemardesque d’ "Alice aux p pays des merveilles" pour aboutir à une espèce de dis-narration où le temps semble décomposé et reconstruit de manière diabolique. Passé, présent, futur, mais aussi réalité, fantasmes, sentiments réels ou enfouis se mélangent dans une "réalité" nouvelle, absurde, inquiétante et cubiste. Les événements qui se sont déjà passés ou qui pourraient se passer prochainement ou qui n’arriveront jamais se superposent les uns aux autres dans une sorte de mille-feuilles quantique où la réalité se dissout.
Tout cela abouti à un poème macabre mais sublissime construit autour des sentiments ambivalents d’une jeune fille pour son père. C’est l’amour déçu de cette adolescente qui semble être une des clés –s’il y en a une- de ce cauchemar sans fin.
Si visuellement et narrativement le film est d’une grande richesse, il provoque aussi chez le spectateur un sentiment très fort de beauté inquiétante, et l’on ressent pendant la projection des émotions très fortes. On adhère petit à petit à la logique troublée mais limpide de ce film qui n’a quasiment pas d’équivalent (même si on pense à Nicholas Roeg, le réalisateur de NE VOUS RETOURNEZ PAS ou encore au superbe film trop méconnu THE FULL CIRCLE de Richard Loncraine).
THE APPOINTMENT est une expérience extraordinaire au casting impressionnant à la tête duquel on retrouve Edward Woodward, que les férus de cinéma de genre connaissent bien puisque il jouait le policier dans THE WICKER MAN, autre film anglais devenu culte.
THE APPOINTMENT est un chef-d’œuvre qui arrive trop tard, hélas pour son réalisateur, mais dont on mesure désormais l’immense chance de pouvoir le voir sur grand écran.
20H15 : DONNIE DARKO de Richard Kelly – USA– 2001 – 113 min – VOSTF – copie numérique (dcp)
Avec: Jake Gyllenhaal, Jena Malone, Mary McDonnell, Holmes Osborne, James Duval, Daveigh Chase, Maggie Gyllenhaal, Patrick Swayze, Drew Barrymore, Seth Rogen, Noah Wyle…
Donnie Darko, un adolescent de 16 ans, émotionnellement perturbé, se réveille une fois de plus au bord d’une route, son vélo à côté de lui, après une nouvelle crise de somnambulisme, phénomène récurrent chez lui. Le soir suivant, alors qu’il dort profondément, une voix lui intime de se lever et de sortir dehors. Là, il fait la connaissance d’un étrange lapin géant qui lui annonce que l’Apocalypse aura lieu dans 28 jours…
Bien qu’il n’ait rencontré en salles qu’un succès en demi-teintes, DONNIE DARKO, premier film du (très) jeune Richard Kelly a tout de suite charmé le cœur de nombreux cinéphiles et critiques qui ont tout de suite défendu le film et lui ont vite donné son statut de film culte qu’il mérite d’ailleurs amplement.
Le film, encore aujourd’hui étonne par la puissante aura fantastique qu’il dégage alors même qu’il se déroule dans un contexte très banal. DONNIE DARKO est aussi la description d’une petite communauté, d’une ville moyenne, et aussi celle d’une cellule familiale tout à fait classique, sans rien de remarquable. Malgré tout, Richard Kelly arrive à nous émouvoir par cette galerie de personnages joués de manière sensible et touchante. Il faut dire que le casting est très solide et parfois inattendu (comme Patrick Swayze merveilleux ici en total contre-emploi). Dans le rôle-titre le jeune Jack Gyllenhaal (et sa remarquable sœur Maggie) est très impressionnant, et même si le film est parfaitement maîtrisé, c’est aussi lui qui a rendu DONNIE DARKO aussi puissant et touchant.
A travers un scénario se basant sur une logique enfantine («"que ce serait-il passé si… "), Kelly déploie l’énigme de son film de manière forte et inspirée, et sa mise en scène se révèle tout de suite riche et expressive. Dans le destin de Donnie, se joue l’avenir de toute une communauté, et Kelly insiste sur les liens, bons ou mauvais, qui nous unissent tous, malgré parfois l’hypocrisie ou malgré le sentiment que le chaos est proche. Car cette chronique de l’adolescence cache aussi un film-puzzle, jouant avec l’espace et le temps de manière étonnante et parfois déroutante. Car les questions posées par le film et son mystère même, ne seront pas complètement élucidés. C’est là aussi la grande force du film : nous faire ressentir avec force la mal-être, nous bouleverser devant les choix qui s’ouvrent à Donnie et nous émouvoir avec force avec tous ces enjeux. DONNIE DARKO est un film extrêmement original et totalement bouleversant. On se demande bien pourquoi, nous ne l’avions jamais programmé en 17 ans de Bon Chic Mauvais Genre.
Cette erreur est désormais réparée.
Dr Devo.
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Dress-code de la soirée (1 dvd à gagner pour le meilleur déguisement !): tout ce qui a rapport avec le monde du rêve, chien, garagiste, lapin, monstre anthropomorphe, créatures du monde des rêves, professeur, prédicateur, lycéen.nes des années 80, 90 et 2000, Cyndi Lauper ou spectateur du Majestic. [D'une manière générale, tous les déguisements sont acceptés!]
Le prix pour le concours de déguisement est remis au début de la deuxième séance !
Réservations possibles dés le lundi 25 novembre à la caisse du Cinéma Majestic à Lille ou sur le site ugc.fr.
Prochaine soirée Bon Chic Mauvais Genre: le 27 décembre. Spéciale théma: "Sex, Sex, Sex, Sex !" avec les films RITA, SUE AND BOB TOO de Alan Clarke, et THE BETA TEST de Jim Cummings
Soirée proposée par le site Matière Focale.com, le magazine Distorsion et programmée par les projectionnistes du cinéma Majestic.
Tarifs: 14 euros les deux films (réservations pour ce tarif uniquement en caisse du Majestic) / 1 film aux tarifs habituels.
Les cartes UGC illimitées fonctionnent pour les deux films !